7h, le matin du deuxième jour, notre site de camping est au milieu de nul part, une Ranger m’avait indiqué un sentier partant dans les coulées. Je prends les baskets et c’est parti pour un moment.
Le sentier s’avère compliqué, vue à 360° mais les cairns noirs sur du noir sont délicats à enchainer. La lave au sol est en fait un appui dédié aux entorses. Le prochain point de repère est à 10 km selon le panneau d’entrée. Je comprends pourquoi il n’y avait pas grand-chose sur la carte.
C’est rude, quelques herbes à hauteur du genou parfois mais rien de vivant. Pas un bruit, pas de vent. Je suis dans un désert de pierre noire, même pas d’activité volcanique pour que le footing soit ludique. C’est étrangement beau. J’avance tout doucement obligé de m’arrêter fréquemment aux cairns afin de visualiser le suivant. Sensation d’être, mais aussi d’être ailleurs.
La concentration m’oblige à être là mais l’euphorie d’être là fait fuir ma concentration. Les images de lave passent devant mes yeux, les fontaines qui coulent dans la mer, l’âne de Tazieff, les lacs de lave du Marum et du Benbow. Tout est là, alors qu’autour c’est un cahot de cailloux noirs et da lave figée.
Au loin, le Mauna Kea abritant à son sommet l’observatoire astronomique et atmosphérique, tel le Puy de Dôme, en moins aérien.
NDLR : L’observatoire, à 4200m au milieu du Pacifique, sert de point de référence planétaire pour la qualité de l’air, le fameux CO2 est référencé ici, le record absolu depuis 650 000 ans a été battu en mai dernier, 420 ppm. A l’école on avait appris 300 ppm. Y a bien un changement d’air !
J’arrive devant une falaise d’effondrement, 4 km sur les 10 à faire avant le prochain croisement. Je décide de m’arrêter pour regarder plutôt que de courir.
Je rebrousse chemin, le soleil dans l’œil et me rends compte que je n’avais même pas tourné la tête depuis le départ. La trace est plus simple, je comprends enfin que le tracé contourne les cahots et reste au maximum sur le sable. Enfin de vraies foulées.
Au sol, une brillance dorée accroche mon regard, là puis là et encore là. La surprise est totale, sur le même chemin qu’à l’aller les cheveux de la déesse Pélé sont là, brillants de toute beauté. Mon cœur bat et me projette en l’an 2000 quand je préparai mon voyage sur les légendes des volcans. Je voulais partir avec des histoires à partager sur les volcans d’Amérique Centrale, j’avais rêvé de toucher les cheveux de Pélé. C’est une éruption paroxysmique dans mon cerveau. Je suis là, auprès de la Déesse Pélé, je cours sur son volcan, endormi depuis peu. Mes pas sont légers pour ne pas le réveiller, la réveiller.
J’arrive au camping, le petit dèj est pris, les gars sont sur leurs écrans, les filles écrivent leur journal de voyage. On part au Visiter Center prendre de l’eau, se laver les dents et attaquer une rando en famille.