Depuis 2 jours le sommet du Hlidarfjall au-dessus du lac de Myvatn me fait des clins d’œil. Il est 17h, la journée se finit, le plafond gris s’abaisse fortement et demain la météo est mauvaise.

Goretex à la main, je pars au fond du camping. Le LP décrit une belle vue de tout là-haut, il faut compter sur une petite journée de marche et la pente est raide. Je vais donc rencontrer un chemin puisque c’est écrit.

Je suis une coulée de lave, tantôt dessus, tantôt à côté. Sensation sympa de courir sur deux époques différentes. Le sentier balisé est là, à la perpendiculaire de ma trajectoire, top, je le suis.

Quleques foulées plus tard, au pied du volcan, la trace pour monter se distingue : tout droit.

Je chute bêtement dans l’herbe rase et prends 2 secondes pour faire le bilan avant de me relever, rien de grave semble-t-il mais avant la fin de mon osculation sensorielle interne, 2 sternes arctiques ( ou équivalent ) viennent rigoler juste au-dessus de moi. Je bondis, elles reprennent de la hauteur. Sont-elles moqueuses ou pensaient-elles avoir un bon repas ? Je ne suis pas mort. Pas fier, je cours plus vite.

La pente correspond à la vision lointaine, tout droit. Dire que ces majestueux volcans sont en fait des grands tas de cailloux ! Trois pas en avant, 1 pas en arrière, 2 pas sur le côté, 2 pas d’l’autre côté, je m’égare.

La face me protégeait du vent. Au sommet, la goretex est mon seul et précieux abris. Debout ma tête est dans le plafond de nuage, prêt du sol un 360° s’offre tout autour, un livre de géologie grand ouvert dont les images me comblent. Au Sud le lac Myvatn dentelé de traces éruptives. Au nord un mille-feuille où chaque coulée a marqué la terre de son empreinte colorée.

Le froid commence à traverser la veste, il faut redescendre. Pas de risque, juste un coup de froid potentiel, comparé à un 8000 m mais je ne veux pas me blesser non plus et toute l’énergie est en moi.

De retour sur le plateau, le vent dans le dos, il me reste 40 min à dérouler, le sourire figé au visage.