Sans que ce soit totalement volontaire, le bilan de notre itinérance depuis déjà presque trois mois, fait ressortir un contact privilégier avec les cailloux, contact par défaut de rencontres certes, mais contact aussi par attirance, tels des sirènes immobiles.
Notre avons traversé deux mondes minéraux, le monde magmatique puis le monde sédimentaire.
L’euphorie du départ allait bien avec les décors magmatiques, actifs, nous étions à la recherche de la découverte rapide, la naissance de la force et de l’éclat.
Rien de tel que les geysers (mot islandais), les bouches sulfurées et les déambulations sur des coulées de lave encore chaudes. Les odeurs parfois saisissantes venaient compléter notre perception sensorielle. La terre vit, elle s’exprime, elle exulte son énergie.
Le paroxysme, nous l’avons vu au Guatémala avec les coulées de lave du Pacaya, saignements incandescents d’un sang brûlant. Les éruptions du Fuego cracheur de feu, résonnent dans toute la vallée. La beauté est subjugée par la peur, ce volcan a encore tué il y a moins de 2 ans. Oui l’énergie est là sous nos pieds, en quelques endroits de la planète elle ressort. Nous appartenons à cette Terre.
Le calme et la futilité géologique s’est ensuite exprimée dans les cenotes mexicains. Une météorite géante s’est probablement amusée à faire de l’écorce terrestre un gruyère que les eaux cristallines parcourent avec fraicheur. Nous les utilisons pour les bains, sauts et lieux sociaux et sacrés, ce sont des entrées de l’infra-monde souterrain.
Aux Etats Unis, le super volcan de Yellowstone, un des plus grand de notre planète se tient tout tranquille, il bouleversera l’humanité quand il se réveillera mais d’ici là, il émerveille hordes de touristes qui viennent voir myriades de couleurs et de paysages vivants. Ici nait la vie : bactéries, chaleur et humidité rappellent la soupe originelle que certains cherchent à recréer pour apaiser nos interrogations divines.
Le magma c’est vivre, ajouter, bouger, parfois exploser puis se reposer avec moins de pression à l’intérieur.
Et venu ensuite, le désert du grand plateau du Colorado, où le grand canyon n’est qu’une petite partie spectaculaire.
Là, la Terre n’est que sédiment, une roche ennuyante, elle met des millions d’années à se former et n’est même pas très solide. Couches sur couches, milliers d’années après milliers d’années, elle devient un mille feuilles hétérogène que le centre de la terre vient chahuter par-dessous.
Un fois formée, ce chahut et le temps viennent l’user, l’usiner, la sculpter. L’eau, goute après goute, vient arracher les grains de roche les plus fragiles. Les équilibres sont instables et parfois des bloquent tombent. Le fer sous toutes ses formes apporte une palette de couleurs chaude et joue parfois avec le bleu pour rompre la monotonie.
Ce statisme macro est majestueux alors qu’à l’échelle micro c’est usure et recherche de fragilité que joue la nature.
Les splendides arches et cheminée de fée ne sont qu’éphémères, tout va s’écrouler, la vieillesse et la mort sont là, inéducables. Quel miroir de penser à ces paysages voués à disparaitre !
Le sédiment c’est vivre, être inexorablement sculpté par les éléments et le temps et être voué à une disparition certaine.
Ce que la nature peut faire !!!!!